Press announcement: METRO

Lecture infiltrée
Metro, 03 Mei 2013, Bruxelles.

Parmi les expériences particulières que nous propose cette année le Kunstenfestivaldesarts, on retrouvera le singulier «Lecture For Every One» de l’artiste flamande Sarah Vanhee. Rencontre. Pendant toute la durée du festival, l’auteure s’invitera dans des entreprises, dans des associations ou dans d’autres cercles de réunion pour lire à ce public improvisé un texte qu’elle a écrit et réécrit pendant un an, le temps nécessaire «pour trouver les bons mots», nous dit-elle alors que six essais ont déjà eu lieu à Gand. Son procédé? Arriver dans la salle, s’asseoir comme si elle allait assister à la réunion, lire son texte et puis partir sans un mot de plus. L’artiste entend laisser en pâture les mots qu’elle aura laissés les minutes précédentes. «Je pars des idées humanistes en posant la question: comment les gens peuvent vivre ensemble?», décrit-elle ainsi son texte. «Nous vivons dans le mythe de la ville atomisée, mais elle est structurée, qu’on le veuille ou non, en petits rassemblements. Comment vivre alors la tension entre l’individu et le groupe?». Parmi ses références, l’artiste cite Hannah Arendt, «parce qu’elle parle de la société en posant des questions très concrètes». Et c’est justement ce que veut fait Sarah Vanhee, qui pendant tout l’entretien ne soufflera mot de son texte pour en laisser la surprise à ses multiples publics. Le texte est une combinaison d’anecdotes personnelles et de pensées très concrètes. «Les groupes de personnes dans lesquels je m’insère pour cette lecture se sont formés à la base autour d’une cause, que ce soit une entreprise, une chorale ou une équipe de foot. J’avais envie d’aller là où il y a une idée de communauté. Je viens et je change la perspective de leur réunion. Pendant la lecture, je pose des questions mais souvent personne ne réagit. Après je ne parle pas avec les gens parce que je préfère les laisser parler entre eux.» La lectrice ne gardera qu’un souvenir de l’instant: aucune photo, aucun enregistrement ne sortira de cette expérience. «J’aime beaucoup l’immatérialité», justifie Sarah Vanhee. «Quand j’ai commencé ce projet, je n’avais pas forcément envie d’aboutir à quelque chose de concret. Cela restera volatil. Ce sont les auditeurs qui créeront la signification de ce que j’ai écrit et de l’acte que j’aurai posé.» L’exercice s’avère en tout cas une manière originale d’interpeller le citoyen et de créer le débat donc. Pendant le festival Sarah Vanhee, parcourra une cinquantaine de lieux, mais fera également quelques lectures en public (les 3, 4, 11 et 18 mai au Beursschouwburg). Le KFDA se terminera le 25 sur une rencontre entre l’artiste et le directeur artistique Christophe Slagmuylder.